(In)digestion post-Essen (III)

Encore un programme chargé ce week-end, on ne va évidemment pas s’en plaindre ! L’extension pour Terra Mystica a de nouveau eu l’occasion de tourner, avec une victoire obtenue par les fées de glace (l’un des nouveaux peuples – dans une partie qui ne comportait que des nouveaux peuples) et pas mal de jeux testés :

La principale nouveauté Days Of Wonder pour cette année est une création de l’incontournable Bruno Cathala, sorti un peu avant Essen comme l’éditeur en a pris l’habitude. Sans surprise avec Days Of Wonder le matériel est de grande qualité. Si Abyss m’avait personnellement laissé dubitatif je suis nettement plus convaincu par ce Five Tribes car, s’il s’agit là encore d’un jeu d’opportunité, il offre davantage de possibilités de jeu, laisse davantage de contrôle aux joueurs et fait bien moins appel au hasard (réduit au tirage des Djinns et des cartes ressources au début de chaque tour). Un élément particulièrement intéressant est que les joueurs enchérissent avec leurs points de victoire pour l’ordre du tour (un vrai piège à c** dans lequel je tombe assez facilement d’ailleurs). Très grossièrement l’action d’un joueur consiste à prendre les meeples d’une case quelconque du plateau, les déplacer en en abandonnant un sur chaque case traversée et agir sur la dernière case atteinte (qui doit nécessairement contenir un meeple de la couleur du dernier meeple posé). La couleur du meeple posé et la nature de la case atteinte permettent de réaliser deux actions. Il faut donc essayer de tirer le meilleur parti de ces deux actions pour scorer sans offrir des opportunités sur un plateau à ses adversaires. Simple et efficace, peut-être un poil calculatoire, mais convaincant. Testé lors d’une partie à quatre joueurs.

5_Tribes

Sorti chez Edge en pleine période d’Essen Miskatonic – Lycée de Jeunes Filles est la traduction française (la traduction des règles n’est d’ailleurs pas un modèle du genre) d’un jeu américain issu d’un Kickstarter financé en 2011. Il s’agit d’un deck-building très simplifié, joliment illustré et avec un thème sympathique : il s’agit d’être le dernier joueur dont la classe de lycéennes n’a pas totalement sombré dans la folie au contact des enseignants malsains du lycée Miskatonic. J’étais très curieux de ce jeu du fait de son thème débile et de la promesse d’un gameplay méchant et un peu foutraque mais aussi réservé du fait de son prix un tantinet élevé et d’un accueil critique mitigé sur BoardGameGeek. Et à raison me semble-t-il. Une critique sur BGG précisait : Point fort : plaît à ma nièce de 8 ans ; point faible : plaît à ma nièce de 8 ans. C’est exactement ça ! En fait l’idée de base est bonne (et potentiellement fun) mais le jeu est beaucoup trop fermé et encadré. On a presque l’impression qu’il joue à notre place et, de fait, le joueur n’a que trop rarement l’opportunité de comboter ou de jouer des vraies vacheries à ses adversaires. En l’état le jeu n’est pas très intéressant et beaucoup trop sage ; il faut vraiment espérer qu’une extension viendra remédier à ce manque de prise sur le déroulement du jeu. Testé lors d’une partie à trois joueurs.

Miskatonic

Il s’agit d’un jeu issu d’une campagne Ulule réussie et porté par son auteur Olivier Laffont (dont une interview peut-être trouvée sur TricTrac ). La boîte ne provient pas d’Essen mais d’OctoGônes où l’auteur était présent. Le thème est original et se prête plutôt bien à une déclinaison en jeu de plateau : l’archéologie (il est d’ailleurs traité avec une légère coloration ludo-éducative). Chaque joueur incarne un archéologue qui va user de ses quatre actions par tour pour entreprendre des fouilles, et ainsi exhumer des découvertes et les remettre à un musée (en l’échange de points de renommée) ou les vendre au marché noir (pour obtenir de l’argent et financer les fouilles à venir). A cela s’ajoute un paquet de cartes qui permettent de jouer des crasses à ses adversaires ou de faciliter ses propres recherches. Tous les ingrédients sont là pour faire un jeu sympathique… Tous sauf un : un éditeur car le jeu manque malheureusement de finition. Rien de dramatique pris isolément mais comme tous les aspects du jeu sont concernés (même si l’équilibrage des cartes est certainement le plus problématique) le cumul finit par peser sur l’intérêt. Après il s’agit d’un ressenti à l’issue d’une partie à quatre joueurs qui n’a pas été jouée avec les règles exactes mais je crois vraiment que le jeu demande encore un peu de travail de développement car la base est indubitablement intéressante.

Archeologia

Il s’agit d’un jeu de plateau édité par GMT Games, éditeur américain spécialisé dans le wargame à base de cartes événements (card-driven). L’auteur est Chad Jensen, à qui l’on doit le fameux Dominant Species, l’une des références incontournables de GMT, sortie en 2010 et déjà rééditée trois fois, et qui a connu cette année une version française chez Filosofia. Il s’agit d’un jeu de développement urbain avec un matériel… sobre. Qui est un euphémisme pour dire que le jeu est vraiment moche. Heureusement son intérêt est ailleurs : les mécanismes sont bien ficelés et la progression de la partie est soigneusement calibrée grâce à l’usage de cartes événements réparties par strates. En fait Urban Sprawl aurait tout pour plaire s’il n’était pas aussi long (3h30 pour notre première partie, ce qui ne semble pas anormal puisque la boîte indique trois heures – pas de doute on est bien chez GMT) et si cette longueur n’était pas en inadéquation avec la nature même du jeu. Car les bâtiments bâtis activent des capacités spéciales qui semblent pouvoir dégénérer en combos à même de peser sur le déroulement de la partie, en fonction des opportunités qui s’offrent aux joueurs (un peu comme les personnages dans Bruges par exemple). En soi ce n’est pas un problème mais ça le devient quand un bâtiment influence à lui seul l’issue de la partie de manière arbitraire, ruinant les efforts de longs tours de jeu. Un jeu intéressant à n’en pas douter mais sans doute trop long alors qu’il repose autant (plus ?) sur l’opportunité que sur le développement à long terme. Le tout avec la réserve habituelle compte tenu qu’il s’agit là d’une impression après une unique partie à trois joueurs.

Urban_Sprawl

Alien Frontiers est un jeu de placement d’ouvriers avec des dés ; ça c’est pour le côté eurotrash. C’est aussi un jeu avec des pouvoirs qui permettent de comboter et d’agresser les autres joueurs ; ça c’est pour le côté améritrash. Le résultat est un excellent jeu, fluide et dynamique, qui se gagne autant par la capacité à combiner efficacement ses dés et ses capacités qu’à convaincre les autres joueurs de ne pas nous agresser 😉 Evidemment ce style de jeu ne plaît pas à tout le monde car chaque joueur, même le plus mal embarqué, dispose de la capacité à influer sur le gagnant final. Factions rajoute du matériel pour un cinquième joueur, de nouvelles technologies aliens (les pouvoirs), des objectifs secrets pour marquer des points de victoire et un gameplay asymétrique (chaque joueur incarne une faction qui dispose d’un pouvoir propre et d’une station orbitale à laquelle les autres joueurs peuvent venir se docker pour obtenir un effet particulier moyennant ressources). Evidemment la multiplication des capacités décuple les combinaisons possibles et réduit d’autant l’équilibrage du jeu. Mais il faut reconnaître que les nouvelles capacités sont vraiment ingénieuses et semblent raisonnablement ajustées. J’adore Alien Frontiers donc je ne suis pas très objectif mais j’ai été particulièrement convaincu par les nouvelles possibilités lors de la partie test (à quatre joueurs et sans les objectifs secrets – certains joueurs ne lisant pas l’anglais).

Alien_Frontiers

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