Jeu de rôle toujours, je suis un peu passé à côté d’une campagne Ulule avec la seconde édition de Crimes qui se termine aujourd’hui (et après une première tentative ratée) ! Il s’agit d’un jeu de rôle d’investigation horrifique à la Belle Époque (ambiance les Brigades du Tigre), volontiers mâtiné de surnaturel et édité par Les Écuries d’Augias ; un pdf de présentation est disponible ici. Le jeu marche pas mal sur les traces de l’ancien Maléfices (1984 pour sa première édition), tout en étant plus orienté sur l’enquête policière, plus technique, et plutôt centré sur l’environnement urbain. Je possède la première édition du jeu, très belle au demeurant, mais qui souffrait à mon goût d’un défaut vraiment gênant : la volonté de présenter le jeu sous un angle très narratif, sans malheureusement le talent littéraire pour y parvenir, et avec pour conséquences un livre pénible à lire, assez fouillis, et peu pratique à l’usage. J’ose espérer que cette seconde édition corrigera le tir pour un jeu qui le mérite sans aucun doute vu le taf accompli par ailleurs.
Au passage il me semble qu’il y a tout lieu de se féliciter du résultat des campagnes participatives relevées dans l’article précédant, en particulier celles sur la plateforme de Black Book Éditions, qui montrent la vitalité d’un loisir confidentiel et très largement sorti du circuit de l’édition et de la distribution traditionnels. Évidemment on reste loin des résultats obtenus par un poids lourd comme L’Appel de Cthulhu (7ème édition) chez Sans-Détour – ce qui me permet au passage de mentionner la campagne Ulule qui vient de débuter pour les suppléments autour des Contrées du Rêve – mais c’est quand même impressionnant, en particulier pour Symbaroum et Écryme. Après cela ne doit pas cacher non plus la participation d’un public plutôt à l’aise financièrement – et plus réduit qu’il y paraît à la lecture des sommes collectées – puisqu’en moyenne les participants ont lâché entre 170 et 220€ selon le jeu (ouch !).
Pour rester dans l’actualité jeu de rôle je mentionne l’existence d’une gamme en cours de développement (née avec un hors-série Jouer avec l’histoire) – et qui semble a priori très intéressante et pertinente, avec quelques plumes autorisées et de renom à son service, chez le petit éditeur Lapin Marteau : Sortir de l’Auberge. Le premier ouvrage est paru récemment et s’intitule Mener des parties de jeu de rôle. Premier de trois ouvrages financés sur Ulule en décembre 2015 il porte, comme son nom l’indique, sur la maîtrise ; l’objet de la collection est ainsi d’aborder le jeu de rôle comme loisir, sous l’angle théorique et pratique. L’ouvrage est disponible à la vente dans quelques boutiques partenaires mais, à mon avis, ne le sera pas bien longtemps. Il s’agit d’un aspect parfois survolé dans les bouquins de jeu de rôle, voir purement et simplement ignoré dans pas mal d’ouvrages contemporains. J’ai acquis récemment la cinquième édition d’Ars Magica en français et le livre est tellement hermétique et technique (d’autant que la mauvaise traduction proposée par Ludopathes, qui n’arrive pas à se détacher du texte original, n’aide en rien – traducteur c’est un métier et ça ne s’improvise pas !) qu’il ne pourra que laisser à la porte les joueurs novices, voir des rôlistes confirmés mais non familiers de l’univers d’Ars Magica. En dépit d’une réalisation graphique plutôt réussie et d’une mise en page soignée l’ouvrage est à des lieues de la troisième édition que proposait en 1993 Jeux Descartes, la faute à un gros manque de pédagogie et de clarté dans l’écriture. Comme si la maîtrise du jeu de rôle et la connaissance de certains univers bien installés dans le paysage ludique allaient désormais de soi.
