Une nouvelle fournée des nouveautés vues à l’asso’ ces derniers jours (et même si le titre a changé il s’agit toujours, pour l’essentiel, de jeux ramenés d’Essen). Triassic Terror est ressorti pour une partie complète à quatre joueurs qui a confirmé, si besoin était, le côté plaisant de la bête (finalement plus lisible qu’il n’y paraît au premier abord). Onward To Venus est ressorti lui aussi, pour une partie à cinq joueurs. Le jeu est injuste (le hasard de sortie des tuiles est important) mais il est aussi particulièrement fun à l’usage. Et cette partie a confirmé que le jeu gagnait en intérêt avec le nombre de joueurs.
Première (fausse) nouveauté. Trains est sorti en français pour Essen mais il était déjà disponible en anglais depuis Essen 2013 et il s’agit de la traduction d’un jeu… japonais (ce qui n’est pas vraiment une surprise vu le thème ferroviaire) sorti en 2012. Il s’agit d’un très bon jeu de deck-building avec plateau. On retrouve des bases identiques au modèle introduit par Dominion mais avec un plateau sur lequel les joueurs vont bâtir des voies (qui leur appartiennent) et des gares (neutres). Il existe deux éléments de scoring : des cartes scores qui viennent alourdir le deck (façon Dominion) et les villes desservies par les joueurs, en fonction de leur importance (c’est-à-dire du nombre de gares présentes). La subtilité vient de ce que le coût de construction des voies est fonction de la topologie et aussi (et surtout) de la présence ou non d’autres joueurs. Le jeu est une réussite car il respecte la logique du deck-building (la gestion de son deck est réellement importante) tout en supprimant son caractère autiste : le plateau est au centre de l’attention commune et il est nécessaire de tenir compte de la stratégie de ses adversaires. Testé à trois et quatre joueurs le jeu m’a laissé une très bonne impression – et je ne suis pourtant pas très fan du genre.
Il s’agit de la cuvée 2014 de chez Pearl Games et il est signé du patron… Sébastien Dujardin, co-auteur de l’exceptionnel Troyes. Si le plateau peut évoquer Les Colons de Catane le jeu est en fait bien plus proche du sympathique Bruges : un jeu de développement étonnamment souple et fluide à jouer, grâce à un système de cartes spécifiques qui servent également de support à des actions génériques. On y retrouve cette même intention de proposer un jeu dans lequel le joueur ne se sente pas enfermé d’une stratégie ou d’opportunités dictées par la mécanique de jeu. A la différence près que Deus est plus profond et plus riche que Bruges, dont l’issue de la partie dépend bien souvent des combinaisons de personnages apparaissant en cours de jeu. Ici deux actions possibles : construire un bâtiment moyennant ressources (il s’agit de l’action spécifique d’une carte) ou faire une offrande à un Dieu (c’est l’action générique : il faut pour cela défausser une ou plusieurs cartes pour obtenir un effet lié à l’une d’entre elles et dont l’importance sera fonction du nombre de cartes défaussées). Le tout associé à un léger aspect tactique grâce aux règles de positionnement sur le plateau et à un système de combos, la construction d’un bâtiment permettant de réactiver l’effet de tous les autres bâtiments de même type déjà construits. C’est élégant et souple, de sorte qu’on ne se sent jamais bloqué ou à court de solutions. J’aimais déjà beaucoup Bruges malgré son côté aléatoire mais là je suis vraiment séduit. Testé lors d’une partie à quatre joueurs.
- Play Me et World of Warcraft – Le Jeu de Plateau
Le premier est une nouveauté qui vient d’OctoGones, un jeu de dés qui reprend à son compte une mécanique vue dans Steam Park : tous les joueurs lancent (et relancent) leurs dés en même temps, le but étant ici d’être le premier à réaliser une suite de 1 à 6. La partie se joue en deux manches gagnantes. Le matériel est très joli, le principe pas idiot (chaque joueur ‘incarne’ un personnage avec un pouvoir particulier pour lui faciliter la tache ou compliquer celle de ses adversaires mais qui, après une première manche gagnée, se transforme de sorte que son pouvoir devient un handicap). Sauf que ça ne fonctionne pas : c’est brouillon (difficile de suivre ce que font les autres – pour ne pas dire impossible dès lors qu’on dépasse les trois joueurs) et pas spécialement intéressant. Un jeu vraiment oubliable testé à quatre joueurs.
Le second est un genre de Talisman dans l’univers de World Of Warcraft (soit le plus petit dénominateur commun de la fantasy – ce qui n’engage que moi). J’ai tendance à voir Talisman comme un jeu de l’oie pour rôlistes. Ce n’est pas passionnant mais au moins c’est simple à jouer et sans prise de tête. Ici ce n’est toujours pas passionnant mais c’est en plus inutilement compliqué et laborieux à jouer. Et le matériel est en prime mal édité, ce qui n’améliore pas la lisibilité du jeu. Enfin la progression est divisée en 4 paliers de difficulté croissante, pour symboliser la montée en niveau. Sauf que c’est tellement aléatoire qu’un joueur peut parfaitement rester bloqué à bas niveau et devenir bien malgré lui un simple observateur de la partie. Ce qui est tout sauf passionnant. Testé lors d’une partie à quatre joueurs (partie encore plus laborieuse que la normale vu que les rencontres du niveau ‘gris’ et du niveau ‘jaune’ ont été interverties).