Je sors d’hibernation pour revenir sur le Café Tour de janvier, qui s’est déroulé il y a tout juste un mois (le 15 janvier dernier). Le public – et la bonne humeur – étaient au rendez-vous, ce qui a permis de profiter dans les meilleures conditions du Dernier Banquet. Au premier plan une partie de Discoveries (qui n’était pas au programme de ce mois mais de l’été 2015) mais apporté pour contrebalancer la sélection du mois avec un jeu un peu plus consistant et toucher tous les publics.
- Le Dernier Banquet
Le premier contact avec le jeu est difficile car son fonctionnement atypique est difficile à appréhender par les joueurs (bien qu’il soit en fait d’une grande simplicité). Par ailleurs le jeu suppose la participation d’un public nombreux (au moins 10 joueurs pour profiter des scénarios compétitifs – le seul scénario coopératif étant peu convaincant). Mais après un petit galop d’essai pour que les joueurs intègrent la logique de jeu la formule se révèle étonnamment plaisant. Le jeu est très vivant dans son déroulement (l’alternance debout / assis, les changements de siège, la possibilité plutôt accessible de se glisser, même superficiellement, dans un rôle) et il est varié et ludique dans son principe (les différents scénarios proposés permettent de largement altérer le déroulement de la partie et la mécanique basée sur l’utilisation des capacités spéciales pour modifier l’ordre d’initiative et la position relative des joueurs est particulièrement lisible et efficace, surtout associée au jeu en équipes). Le scénario de l’assassinat du roi est à ce titre d’une efficacité redoutable.
- Te Kuiti
La première partie est généralement positive car le jeu séduit par sa simplicité et l’originalité de sa mécanique asymétrique à base de memory. Mais la bonne impression ne dure pas, le jeu se révèle vite assez fermé – surtout joué côté berger – et la formule à base de memory trahit vite un gros manque de profondeur (le hasard d’abord et ensuite la mémoire du joueur mouton déterminent à eux seuls l’issue finale). Te Kuiti plaira peut-être aux plus jeunes mais manque de consistance pour intéresser les joueurs au-delà des premières parties de découverte, c’est vraiment dommage.
- Il Était une Fois
Les qualités d’Il Était une Fois ne sont plus à démontrer et le jeu a beaucoup plu aux participants qui ont accepté de se plier à ses exigences particulières dans le cadre du Café Tour. En effet s’il faut bien un gagnant le jeu suppose néanmoins que chacun ait conscience de contribuer à une histoire partagée et que celle-ci prime sur la victoire. Par ailleurs le jeu exige évidemment un effort narratif qui ne convient pas à tous les joueurs. Mais une fois ces réserves acceptées le résultat est vraiment exceptionnel, avec un thème universel (le conte de fée) et une mécanique qui alimente efficacement l’imagination et permet à l’histoire de dérailler joyeusement (chaque joueur essayant de tirer la couverture à lui pour parvenir à sa conclusion).
- Tokyo Train
Dans le cadre du Café Tour le jeu a parfaitement rempli son contrat de party game, assurant l’ambiance et les fous rires, grâce à la gestuelle imposée d’une part mais aussi et surtout à la communication complètement parasitée entre joueurs d’une même équipe (entre les termes abscons et les hurlements des autres équipes). Un petit jeu idiot et réussi qui manque peut-être d’un concept un rien plus sophistiqué et s’avère du même coup un vite redondant.
- Histoires de Hobbits
Ce jeu de storytelling reprend les bases d’Il Était une Fois dans une conception plus technique et plus compétitive du genre (chaque joueur raconte successivement son histoire, les embûches sont jouées selon des règles rigoureuses et la victoire se décide via un décompte de points), clairement adressée aux joueurs. Le matériel est superbe mais le jeu, quoique plaisant, nettement moins convaincant que son modèle. D’une part parce qu’il s’adresse à un public de fans en s’inscrivant dans l’univers de Tolkien – élément particulièrement limitant dans le cadre du Café Tour – et d’autre part parce que sa mécanique échoue dans un entre-deux un peu maladroit entre le côté ‘conte’ et le côté ‘jeu’, échouant à convaincre sur chacun des deux tableaux.
- Le sympathique Game Over a déjà été proposé (lire en mai 2015) et il vaut mieux passer sous silence Chromino – qui réussit à être encore moins intéressant que les classiques Dominos.