Quelques-uns de nos membres avaient choisi de faire la route jusqu’à Provins ce week-end, pour les 32ème Médiévales. Pour ma part cette année j’ai préféré pousser un peu plus loin, jusqu’au boulodrome Léo Lagrange (Paris 12), pour la 5ème édition de Paris est Ludique! Tout comme Provins j’imagine, c’était vraiment très très bien, d’autant plus qu’un magnifique soleil (et les coups de soleil qui vont avec) était au rendez-vous. L’ambiance y est sympathique et détendue et l’organisation à la hauteur. Photos et témoignages sur le Facebook de PeL. D’après les impressions d’autres participants glanées ici ou là il me semble évident que la limite de fréquentation est atteinte par rapport à l’espace disponible.
Le samedi arrivée pour l’ouverture à 10h00 et après une queue un peu longuette pour obtenir son entrée aucun souci pour s’installer devant les jeux jusqu’à 14h00. De là jusqu’à 18h00 la fréquentation est maximale et c’est un peu plus compliqué, il faut réserver sa place (pour les gros jeux) ou attendre un peu mais rien de comparable avec les gros événements type FIJ à Cannes ou Spiel à Essen, c’est vraiment super plaisant. On en profite pour procéder au ravitaillement en compagnie de quelques acolytes de Stratéjeux croisés sur le festival 😉 Après 18h00 tout redevient accessible jusqu’au départ vers 20h30, à la fermeture. Pour ne pas perdre le rythme une sympathique soirée pizza / jeu de plateau (le très allemand et très agréable Lancaster) avec des amis.

Le dimanche arrivée pour l’ouverture et départ à 13h00. A nouveau aucun problème pour jouer et rapidement faire le tour de quelques jeux repérés la veille et laissés de côté faute de temps ou de place. Pour achever tranquillement le week-end dans une brasserie portugaise animée et après une petite balade digestive sur la Coulée Verte, du côté de Bastille.
Les deux petits trucs moins sympas : Paris est Ludique! se déroule sur le site d’un boulodrome et inévitablement, surtout par temps sec et petit vent, avec des enfants qui courent dans tous les sens (en particulier le samedi) cela fait voler de la poussière, vraiment beaucoup de poussière. Et comme il faisait vraiment chaud, l’unique buvette du site était prise d’assaut, il fallait donc faire longuement la queue en plein soleil pour se rafraîchir. Sans doute une deuxième buvette n’aurait pas été un luxe. Mais bon, rien de rédhibitoire, juste un petit manque de confort.

Parmi les découvertes Starfighter chez Ystari, un jeu de duel dans l’espace avec des gros morceaux de combos tordus dedans qui sort incessamment sous peu. Le lien chez l’éditeur explicite la mécanique de jeu. Dans un premier temps mon adversaires et moi sommes complètement paumés. Le premier je commence à bricoler quelques combos, un peu dans le vent, et avec l’impression (fausse) d’une distribution injuste des cartes ; en fait le hasard fait que nos cartes maîtresses ne jouent pas sur les mêmes aspects et que j’exploite assez mal ma donne. Puis mon adverse se met à comboter aussi, je prends cher mais le jeu devient vraiment plaisant et gagne en profondeur. J’arrive enfin à exploiter mon jeu mais il est peut-être trop tard et surtout je commets trop d’erreurs (je suis trop focalisé sur mon jeu et pas assez sur celui de mon adversaire). Partie perdue mais première impression positive (et j’apprécie l’iconographie nettement moins absconse que pour Race for the Galaxy).

Je savais Raptor, le dernier jeu des deux Bruno (Cathala et Faidutti), présent sur le salon, mais chez Matagot on planque bien les boîtes – en l’occurrence des prototypes quasi finaux (pour un jeu assez finaud 😳 ) Il s’agit d’un jeu pour deux joueurs, asymétrique et vraiment malin. Un joueur joue l’équipe des scientifiques qui cherche à capturer des bébés raptor, et l’autre la maman raptor qui cherche à protéger sa progéniture (et éventuellement à manger les scientifiques). Je laisse le détail de la mécanique au blog de Bruno Faidutti mais le jeu m’a semblé vraiment très bien fichu et j’ai très envie de l’acquérir à sa sortie, vraisemblablement à l’automne prochain. Je me suis pris une grosse branlée à la première partie et une petite branlée à la seconde, en jouant côté raptor. Je pense le jeu équilibré mais il m’a semblé que les erreurs se payent cher avec le raptor. Je crois aussi que j’ai joué comme un manche, ayant eu du mal à intégrer la dynamique de jeu.


Toujours dans la découverte je me suis essayé à un jeu en cours de campagne Kickstarter, repéré le samedi (mais les deux tables étaient toujours pleines, d’autant plus facilement que c’est plutôt un gros jeu) et joué le dimanche matin : Deal – American Dream. Il s’agit d’un jeu de stratégie façon Trône de Fer, mais avec une thématique narcotrafic très réussie et une légère asymétrie pour permettre la mise en place d’échanges économiques entre les joueurs (certains joueurs commencent en Amérique du Nord, où se trouvent les territoires de vente, et d’autres en Amérique Latine, où se trouvent les territoires de production), même s’il est évidemment possible – et inévitable à un moment ou à un autre – de se constituer une filière complète et/ou d’éliminer les joueurs rivaux par les armes. Le projet est très avancé, solidement préparé, et le résultat plutôt séduisant, notamment dans sa dynamique et son système de points de victoire (et d’objectifs secrets), mais il me semble que certains trucs coincent (mais ça reste mon impression de jeu après une unique partie). La position géographique de départ de deux des clans me semble désavantageuse et il est très difficile à un joueur de réagir quand il est en fâcheuse posture (exactement comme dans Trône de Fer). Par ailleurs un système d’événements aléatoire existe (et c’est une bonne idée), mais la pile intègre aussi des cartes avantages spécifiques à chaque clan – dont certaines sont plutôt violentes – qui tombent donc de manière totalement aléatoire dans la partie. Je suis circonspect sur cet aspect, même si l’absence de cartes en ma faveur ne m’a pas empêché de gagner en recourant à la violence extrême et en jouant mon va-tout avec un peu (beaucoup ?) de réussite. Bref je suis très curieux du résultat final et je souhaite vraiment bonne chance aux auteurs : le thème, l’approche ludique et la plupart des mécanismes sont très convaincants mais si certains aspects me rebutent un peu.


Un peu d’attente aussi pour trouver une table de Sapiens, présent dans sa version finale et qui m’a semblé jouir d’un léger buzz ; par ailleurs il était également présent dans les jeux qui faisaient l’objet d’un tournoi. Comme précédemment je renvoie au lien pour le détail de la mécanique de jeu pour me limiter à mon ressenti. Je suis persuadé que c’est un très bon jeu (c’est simple et efficace, ludiquement réussi et joliment produit) mais je n’ai que modérément apprécié. A cela deux raisons : chaque joueur jouant avec son plateau personnel il est difficile de suivre (et donc de s’intéresser à) ce que font ses adversaires, avec un côté autiste prononcé, malgré quelques vacheries possibles (qui restent toutefois assez gentillettes). Et le rythme de jeu : on attend un peu trop longuement son tour (sur lequel il est difficile d’anticiper), pour n’y jouer qu’une seule action (et jouer seulement une grosse dizaine de coups sur l’ensemble de la partie). Pourtant la partie n’est pas si longue que ça et Sapiens comporte quelques interactions. Mais ce n’est pas l’impression qu’il laisse (en tout cas ce n’est pas celle qu’il a laissé sur moi ou mes amis).

Test du prototype d’Ekö, un jeu de placement abstrait en préparation chez Sit Down!, jouable de 2 à 4. Le design épuré du matériel m’a inévitablement rappelé le Samuraï de Knizia – que j’adore – et donné envie d’essayer le jeu, en configuration à 2 dont je suis convaincu qu’elle est la plus intéressante dans ce genre de jeux (les coups se répondent l’un à l’autre, sans intervention d’un joueur parasite). Le début de partie est difficile à appréhender tant les possibilités sont nombreuses et leurs répercussions dans la durée difficiles à anticiper (genre premières parties de Go). Mais au fur et à mesure de l’avancée du jeu l’aspect tactique commence à se faire jour, le temps de réflexion se prolonge et la partie gagne en intérêt pour devenir passionnante. Premier contact très très positif et je suis d’ors et déjà convaincu que d’autres parties viendront appuyer cette excellente impression !

Parmi les autres jeux joués : le coopératif Les Poilus (partie perdue mais partie sympathique pour un jeu qui m’a laissé une bonne impression, simple et agréable à jouer, sans effet leader notable, joliment illustré, peut-être pas infiniment rejouable mais ça ne semble pas un gros problème vu le format), un Room 25 en mode suspicion pour montrer le jeu à un ami qui ne connaissait pas (voir la critique ici), La Nuit du Grand Poulpe, chez Superlude, un jeu de double-guessing assez simpliste mais plutôt malin ; j’ai plutôt apprécié même si ça reste une aimable distraction vite jouée et qui ne vise pas vraiment les gros joueurs, la sublime réédition de Mexica chez Super Meeple, un classique du duo Kramer / Kiesling et du jeu à l’allemande, qui n’a plus à faire ses preuves et n’a rien perdu de sa splendeur passée, un coopératif atypique avec Witness chez Ystari, sur le thème Blake & Mortimer. L’objectif est de résoudre une enquête en transmettant une chaîne d’indices de plus en plus complexe à ses partenaires (avec évidemment un phénomène de téléphone arabe) et en effectuant les bonnes déductions à la fin de la partie. C’est original et intrigant, amusant à essayer, mais je ne suis pas certain d’avoir envie d’y revenir bien souvent.




Evidemment tout plein de personnalités du jeu de plateau francophones étaient présentes. Je ne cours pas spécialement après les ‘célébrités’ mais c’est toujours sympathique. Aperçus au détour d’une allée Bruno Faidutti, Christophe Boelinger, Arnaud Demaegd, Etienne Espreman, Bruno Cathala, la team TricTrac, Ludovic Maublanc, Croc, et bien d’autres. Pour finir un plateau sympa de Zombie 15′ et… euh… un rat mort ? Et un gros merci à Salvi et Nadège, Mélanie, Ghislain et Charles de Super Meeple.

